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Luc en Diois est situé dans les Préalpes, une région de moyenne montagne au relief typique, calcaire plissé et désordonné. La vallée de la Drôme suit le cours de la rivière du Col de Cabre à la vallée du Rhône, principal axe de communication resserré au franchissement du Claps. Des cols permettent de rejoindre les Hautes-Alpes, l'Isère et le Sud du département.
Le climat est méditerranéen avec une tendance montagnarde (la gare de Luc est à une altitude proche de 600m). Si les étés sont chauds et secs, les hivers peuvent parfois être rigoureux, malgré un adoucissement perceptible depuis quelques années. L'automne est la saison la plus humide, un peu plus que le printemps. Si les températures sont en général régulières, la pluviométrie présente d'une année à l'autre des variations parfois surprenantes.
Au 2ème siècle avant Jésus-Christ, Lucus (Bois Sacré) est probablement un important lieu de culte des Préalpes drômoises. Puis, au début de la Gaule Romaine, il devient Lucus Augusta Vocontiorum, capitale Nord des Voconces (peuple gaulois fidèle à l'Empire). Au deuxième siècle, il est supplanté par Dea Augusta Vocontiorum qui deviendra Die.
Pendant des siècles, l'ancienne capitale sera un petit village vivant d'agriculture et d'élevage. Seul événement notable, en 1444, l'éboulement du Claps (du latin « clapas » - chaos, amoncellement de rochers détachés du Pic de Luc), qui crée deux lacs à trois kilomètres au sud. Le village étant situé au nord de la montagne du "Pic de Luc", la vie quotidienne n'en est pas perturbée. Les chroniques signalent seulement des désaccords entre les paysans locaux et leurs seigneurs successifs.
Au tout début du 19ème siècle, en revanche, l'assèchement des deux lacs crée une belle zone agricole, un axe de communication vers les Hautes- Alpes et l'Italie, et un magnifique site touristique. Entre 1880 et 1900, le Chemin de Fer va donner un nouvel élan à Luc en Diois. Dès 1880, des centaines d'hommes affluent pour des travaux, parfois gigantesques comme le tunnel et le viaduc du Claps. Luc en Diois, grâce à sa gare et quelques services de cars, devient un nœud de communication, et de nombreux commerces permettent de satisfaire une population qui retrouve une courbe ascendante atteignant des sommets inconnus jusque-là (1 137 habitants en 1881).
Cet élan se poursuivra pendant l'entre-deux guerres où Luc sera rapidement reconnu comme un village moderne. Après la Libération, le village perd de son importance : mécanisation oblige, les paysans sont beaucoup moins nombreux, les négoces de noix ont disparu, beaucoup d'administrations aussi ; la population connaît pendant longtemps une courbe de nouveau descendante.
Aujourd'hui, une timide reprise semble s'esquisser s'appuyant sur de nombreux services, un beau choix de commerces et, chaque année, une belle saison touristique.
Pendant des siècles, du fait de son isolement, Luc en Diois a vécu grâce à une polyculture vivrière adaptée aux conditions naturelles. Ainsi, les très nombreux petits paysans cultivaient un peu de tout ce qui était utile à la vie, parfois à la survie, de leurs familles. A Luc, par exemple, même après la 2ème Guerre Mondiale, la plupart des familles avaient leur potager, leur poulailler et "faisaient" leur vin. Pour les autres, il était facile de se procurer chez les voisins ce qui leur manquait.
Aujourd'hui, tout a changé : on ne ramasse plus le tilleul pour lequel on se battait presque lors des adjudications de jadis, la vigne a trouvé des terrains plus favorables chez nos voisins producteurs de la Clairette de Die et des vins de Châtillon, seuls quelques amateurs jardinent encore dans les Clèches et les Sagnes. Il reste malgré tout une poignée d'agriculteurs qui pratiquent une agriculture commerciale adaptée aux conditions climatiques et aux techniques modernes. Le terroir lucois, c'est avant tout celui de la noix, c'est aussi celui de l'élevage ovin.
Ces dernières années, le tourisme et les moyens de communication ont incité des jeunes à revenir à des pratiques agricoles plus traditionnelles. Éleveurs de chèvres, producteurs de fromages, légumes et boissons bio, et même de lavande, vendent principalement leur production en circuit court et sur les marchés locaux...
Un sociologue hors du commun : Marcel Granet
Si vous vous promenez du côté de la rue de la Piscine, vous aurez sans doute remarqué, à proximité immédiate de l’église, une placette baptisée « Square Marce Granet, sinologue ». C’est bien peu (mais une plaque est forcément succincte) pour un aussi grand personnage… Né le 29 février 1884 à Luc-en-Diois, décédé le 25 novembre 1940 à Sceaux en région parisienne, Marcel Granet est un sociologue et un sinologue reconnu, spécialiste de la Chine ancienne. Ancien élève de l'École normale supérieure et agrégé d'histoire, Marcel Granet peut s’enorgueillir d’avoir été le premier en France à appliquer les méthodes de la sociologie à l’étude de la Chine ancienne.
Le parcours de Marcel Granet est atypique pour son époque : en 1911, après avoir étudié le mandarin, il s’installe à Pékin afin d’y étudier les classiques chinois (ouvrages écrits notamment entre les 14ème et 16ème siècles). Pris dans la tourmente de la révolution chinoise (derniers mois de l’année 1911), Marcel Granet ne reviendra qu’en 1913 en France où il enseignera dans plusieurs lycées avant de devenir Directeur d’études pour les religions d’Extrême-Orient à l’École Pratique des Hautes Études.
Combattant de la première guerre mondiale, décoré de la croix de guerre, Marcel Granet cofonde (avec Paul Pelliot) l’Institut des Hautes Études chinoises (IHEC) en 1921. Administrateur de l’IHEC, auteur de plusieurs ouvrages, il y enseigne la langue et la civilisation chinoises. L’Institut est placé depuis 1972 sous l’égide du Collège de France, et abrite l’une des plus riches bibliothèques sinologiques d’Europe.
Louis Froment, une mémoire du Diois
Parcourant les rues des villages tout autant que les flancs de montagne du Haut-Diois, officiant à l’église ou en plein air, au volant de sa 2 CV ou encore accompagné du fidèle Quinou, Louis Froment est un personnage dont la silhouette et le souvenir sont encore bien présents dans la mémoire des habitants de notre « pays ». Né à Gumiane (au pays de Bourdeaux) en 1906, ordonné prêtre en 1933, Louis Froment devint le Père (ou l’Abbé) Froment pour ses paroissiens et tant d’autres à partir de 1955, année de son arrivée dans le Haut-Diois ; il ne quittera plus le canton de Luc jusqu’à son décès en 1998. Louis Froment exerça son sacerdoce dans un esprit d’ouverture et de tolérance, entretenant d’excellentes relations avec chacun, croyant ou non. Il était également connu – et reconnu – pour célébrer la messe en provençal (qu’il considérait comme une langue et non comme un patois) chaque 15 août à Lesches-en-Diois, au moment de la Fête de la lavande.
Mais Louis Froment était aussi un érudit (il fut d’ailleurs un temps professeur de lettres classiques à Valence), passionné par bien des domaines. Les centres d’intérêt et de recherche de l’Abbé Louis FROMENT ont en effet été multiples : préhistoire et protohistoire, histoire ancienne, toponymie et parler du Diois, géologie... Dans les moments de liberté que lui laissait son ministère, il recherchait en effet les traces laissées dans la roche depuis quelques millions d’années avant notre ère : ammonites de différentes sortes, dents de squales… Ses prospections lui ont permis de collecter plus de 4 000 pièces. C’est une partie de sa collection que l’on peut admirer à la Mairie, dans une salle proche du jardin qui porte son nom. En historien averti, Louis Froment s’est par ailleurs signalé par la rédaction de plusieurs ouvrages historiques sur le Diois, et notamment sur le Claps et l’époque des Voconces.